La Morrigasme: 'Moi, je n'accepterais pas que ma copine fasse ça'

'Un des préjugés que je rencontre le plus souvent est qu'il doit être très difficile, voire carrément impossible, pour moi de trouver l'amour avec ce métier.' C'est ce qu'écrit La Morrigasm, travailleuse du sexe, dans une nouvelle chronique pour BRUZZ.

Je suis performeureuse érotique, que ce soit en cabarets, festivals, soirées privées, clubs... ,où mon métier consiste à me déshabiller devant un public et à offrir des services comportant parfois du contact physique pour faire vivre une expérience érotique à des inconnu·e·s.

Il y a maintenant plus de six ans que je me suis livré·e en quasi-nudité dans une performance érotique devant un public. C'est peu à l'échelle d'une vie, mais suffisant pour me positionner quant à l'impact sur mes relations intimes.

Un des préjugés que je rencontre le plus souvent est qu'il doit être très difficile, voire carrément impossible, pour moi de trouver l'amour avec ce métier, sous-entendu : trouver quelqu'un « qui accepterait que sa partenaire fasse ça ».

Ma réponse ? Non, mon métier ne rend pas plus difficile le fait de trouver l'amour. Je dirais même le contraire. En fait, je trouve même cette question assez étrange car elle envisage la situation uniquement d'un angle unilatéral.

Personnellement, je ne serais pas attiré·e par une personne qui ne se verrait pas avec quelqu'un·e de mon métier. Ce n'est pas seulement une question de concordance de valeurs politiques. Ces personnes ne m'attirent ni romantiquement ni sexuellement, et c'est plutôt logique (et bienheureux !) car cette dynamique ne me permettrait pas de m'épanouir sur le long terme.

Je suis beaucoup plus attiré·e naturellement par des personnes confiantes et qui se laissent la place à elles-mêmes et à autrui de disposer librement de leur corps. Ma liberté d'expression personnelle et artistique est au centre de mes préoccupations dans ma vie d'artiste professionnelle. Il est donc peu surprenant que je sois attiré·e pars des personnes qui me soutiendront dans cette voie plutôt que de m'en dissuader.

Assumer ouvertement mon métier me permet donc de faire efficacement le tri lors de nouvelles rencontres.

Vient ensuite la question de l'entourage de longue date, celleux qui faisaient partie de ma vie d'avant et qui ont dû assister à ma reconversion professionnelle.

Beaucoup de TDS font le choix de ne pas divulguer leur profession à leur entourage pour des raisons qui les regardent. Dans mon cas, tous mes proches sont au courant de mon métier et j'ai la chance d'avoir un entourage particulièrement bienveillant.

Pour les enfants, on leur dit avec des mots adaptés en fonction de leur âge : iels savent que je suis artiste-danseureuse et n'ont pas besoin d'en savoir plus. D'ailleurs, j'aimerais rappeler que je ne me produis pas uniquement lors de spectacles pour adultes, mais également parfois dans des spectacles adaptés aux publics familiaux, où il n'y a donc pas d'érotisme. Il y a un contexte pour tout.

Le fait d'assumer mon métier au grand jour est un choix personnel qui m'évite la peur d'être dénoncé·e à mon insu. Je sais que j'ai les épaules assez larges pour porter le poids des jugements.

En revanche, il est déjà arrivé qu'une personne que j'aime subisse l'humiliation dans son entourage parce qu’étant en relation avec moi. Cela, par contre, je ne le supporte pas. Je me moque bien qu'on me juge sur mes choix, mais cela m'atteint quand on s'en prend aux personnes que j'aime.

Dire qu'il faut éviter de faire ce métier pour éviter le jugement est une solution à court terme, mais non pérenne. La véritable solution est la fin de la stigmatisation.

C'est pourquoi il est crucial de rappeler qu'avant d'être TDS, nous sommes filles et fils, soeurs, voisins, amies, parents, grand-mères, époux, cousines, frères, belle-mères, tantes,...et autres êtres aimants et aimés.